Sur le culte moderne des dieux faitiches suivi de Iconoclash

(XIV) 2010
Sur le culte moderne des dieux faitiches suivi de Iconoclash

Date: April 2009
Publisher: La découverte, Les Empêcheurs (réédition de (67) et traduction de (8 avec une introduction)
Langue: Français
ISBN: 978-0199256051

Description

Pour se moquer à la fois de nos folles croyances et de celles des autres, nos ancêtres à la pensée libre nous ont légué le persiflage dont Voltaire, après d’autres, a su fixer le ton. Mais pour se moquer ainsi de tous les cultes, pour renverser toutes les idoles, il fallait croire à la raison seule force capable de faire justice de toutes ces folies… Comment parler symétriquement de nous comme des autres sans croire ni à la raison, ni à la croyance, tout en respectant à la fois les fétiches et les faits ? Je veux m’y essayer, peut-être maladroitement, en proposant de définir l’agnosticisme comme la manière la plus radicale et surtout la plus respectueuse de ne plus du tout croire à la notion de croyance.
La croyance n’est pas un état mental, mais un effet des rapports entre peuples, on le sait depuis Montaigne. Le visiteur sait, le visité croit ou, à l’inverse, le visiteur savait, le visité lui fait comprendre qu’il croyait savoir. Appliquons ce principe au cas des modernes. Partout où ils jettent l’ancre, voilà qu’ils dressent des fétiches, c’est-à-dire qu’ils voient dans tous les peuples qu’ils rencontrent des adorateurs d’objets qui ne sont rien. Comme les modernes doivent bien s’expliquer à eux-mêmes la bizarrerie de cette adoration dont rien d’objectif ne peut rendre compte, ils supposent chez les sauvages un état mental qui renverrait non pas au dehors mais au dedans. Ainsi, au fur et à mesure que s’avance le front de colonisation, le monde se peuple de croyants. Est moderne celui qui croit que les autres croient. L’agnostique, à l’inverse, ne se demande pas s’il faut croire ou non, mais pourquoi les modernes ont tant besoin de la notion de croyance pour entrer en relation avec les autres.

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