Traduction en russe de Nous n'avons jamais été modernes
2021 : traduction en russe Russian translation, European University at Saint Petersbourg
Je lis en page quatre de mon quotidien que les campagnes de mesure, au dessus de l’Antarctique, ne sont pas bonnes cette année : le trou de la couche d’ozone s’y agrandit dangereusement. En lisant plus avant, je passe des chimistes de la haute atmosphère aux PDG d’Atochem et de Monsanto, lesquels modifient leurs chaînes de production pour remplacer les innocents chlorofluorocarboness, accusés de crime contre l’écosphère. Quelques paragraphes plus loin, ce sont les chefs d’Etat des grands pays industrialisés qui se mêlent de chimie, de réfrigérateurs, d’aérosols et de gaz inertes. Mais en bas de la colonne, voici que les météorologues ne sont plus d’accord avec les chimistes et parlent de fluctuations cycliques. Du coup, les industriels ne savent plus que faire. Les têtes couronnées hésitent elles aussi. Faut-il attendre? Est-il déjà trop tard? Plus bas, les pays du tiers monde et les écologistes ajoutent leur grain de sel et parlent de traités internationaux, de droit des générations futures, de droit au développement et de moratoires.
Le même article mêle ainsi réactions chimiques et réactions politiques. Un même fil attache la plus ésotérique des sciences et la plus basse politique, le ciel le plus lointain et telle usine dans la banlieue de Lyon, le danger le plus global et les prochaines élections, ou le prochain conseil d’administration. Les tailles, les enjeux, les durées, les acteurs ne sont pas comparables et pourtant les voilà engagés dans la même histoire.