« Le travail de l’image ou l’intelligence scientifique redistibuée »
In Culture Technique N°22 pp.12-24.
[✍ repris en livre reedited as abook in VI- see books for translations]
Si l’on voulait résumer d’une phrase la transformation récente de la philosophie des sciences qu’illustre ce reportage sur les images il faudrait dire que le savoir est devenu savoir-faire. La connaissance qui jusqu’ici dominait les pratiques est aujourd’hui un sous-ensemble de celles-ci. Le développement des institutions scientifiques, les révolutions en psychologie, la naissance de l’anthropologie cognitive, celle plus récente de l’ethnométhodologie, y sont évidemment pour beaucoup, mais c’est sûrement l’usage courant de l’ordinateur qui a contribué à cette matérialisation de la pensée. Une machine qui calcule, qui écrit, qui lit, qui visualise, qui combine, cela donne des idées aux matérialistes. La pensée se trouve non seulement incarnée mais produite et calculée. Ce que la théorie de l’information avait commencé, la pratique de l’informatique l’achève: l’information devient un élément du monde physique. Le philosophe et la secrétaire qui comptent en bauds et en bytes ne peuvent plus être idéalistes. L’usage de plus en plus répandu du mot “technologies de l’intelligence” marque cet hybride naguère impensable.