Bruno Latour s'engage avec la Novela de Toulouse pour trois ans
Afin d'approfondir ses liens avec le milieu international des artistes et des chercheurs qui travaillent sur les liens entre les sciences et les autres formes de la culture et de la politique, la Novela a choisi de collaborer avec Bruno Latour. Celui-ci à découvert dans la Novela une expérience originale pour sortir des chemins battus de la simple vulgarisation scientifique en établissant de nouveaux liens entre une communauté active de recherche, une ville, des édiles et un public. Il ne s'agit plus de ''diffuser'' la connaissance mais de la coproduire. Les sciences ne sont plus isolés dans les laboratoires, mais participent à la définition du monde commun dans lequel la vie publique va désormais s'exercer.
C'est à cette expérience inédite que Bruno Latour à proposé d'apporter son concours de trois manières différentes sur une durée de trois ans.
En 2012, la Novela accueillera le projet dit ''cartographie des controverses scientifiques et techniques''. Ce projet créé il y a quinze ans et développé depuis dans une vingtaine d'universités autour du monde à pour but d'équiper le citoyen un peu perdu au milieu des querelles d'experts sur tous les sujets possibles -de la médecine à l'écologie en passant par l'economie ou le droit- avec une carte des différentes positions, carte dans laquelle il doit être ensuite possible de se repérer pour prendre position. Ce principe de cartographie utilise toutes les ressourcees des nouvelles techniques numériques et permet de croiser les compétences des chercheurs en sciences exactes, en sciences sociales aussi bien qu'en technologie pour ''donner à voir'' le front de la recherche aussi bien que l'état des conflits sociaux et politiques. Il est donc particulièrement bien adapté aux buts de la Novela. C'est pourquoi, le festival accueillera les groupes de professeurs et les étudiants lauréats des différentes universités à travers le monde qui travaillent en commun autour de ce concept.
En 2013, l'équipe de la Novela avec l'aide de Bruno Latour et de son équipe, proposent de réunir à Toulouse les scientifiques et les artistes qui travaillent autour de la question écologique saisie dans sa globalité. Là encore, le citoyen ordinaire est totalement dépassé par la taille des enjeux, l'intensité des disputes, l'importance des changements quasiment révolutionnaires dont on lui dit qu'ils sont urgents, inévitables et nécessaires. Et pourtant, pour cette politique nouvelle il ne dispose pas des sentiments, des réactions, des émotions qui soient à l'échelle de cette Terre dont on lui dit pourtant qu'elle fait partie de la politique -climat, poissons, sols, air et eau compris. Au cours de l'histoire c'est toujours par la collaboration entre artistes, activistes, penseurs et savants que ce sont créées les nouvelles sensibilités politiques. Le projet ''Passions Gaia'' à pour but de déclencher cette collaboration en rassemblant à Toulouse des projets où se combinent de la façon la plus originale possible la qualité scientifique, esthétique et politique de ces nouveaux enjeux. Certains de ces projets se feront en collaboration avec la ville de Reims où se tiendra en Décembre 2013 le festival scène d'Europe.
Au cours de la Novella 2014, c'est cette fois-ci par une exposition que se marquera le travail commun avec Bruno Latour et son équipe. L'histoire des sciences et des techniques a subi au cours des trente dernières années une révision magistrale qui a modifié très profondément la façon dont les citoyens, les chercheurs et les politiques peuvent hériter de son passé. Grace a ces travaux encore trop peu connus en France, les sciences sont devenues, sans rien perdre de leur objectivité, l'une des dimensions de la culture. Or, cette transformation du passé coïncide avec une modification aussi profonde dans la situation présente du fait des crises écologiques et de l'extension des controverses. Il est donc du plus haut intérêt de reprendre par une exposition les mille et une manières par lesquelles les sciences et les techniques tiennent à la culture et à la politique. Alors que le bon sens continue à vouloir à tous prix distinguer les sciences du reste de l'existence civile et urbaine, l'exposition (dont le nom de code est pour le moment ''BIFURCATION Quelle philosophie naturelle?'') montrera pourquoi cette séparation n'a jamais vraiment eu lieu et n'a plus guère de sens aujourd'hui. Elle inaugurera le magnifique nouveau bâtiment du Quai des savoirs et proposera une insertion originale des savoirs dans le cadre urbain.