Bruno Latour a donné les conférences Gifford à Edimbourg en Février 2013
Bruno Latour a donné les conférences Gifford sur la religion naturelle. Ces conférences, créées au 19ème siècle ont été l'occasion de nombreuses contributions importantes en philosophie (Whitehead, Bergson, James, Arendt, Aron ont donné ces conférences). Elles ont porté cette année sur Rencontrer Gaia face à face - six conférences sur la théologie politique de la nature.
Ces six conférences sur la ‘religion naturelle’ explorent ce que peut vouloir dire de vivre à l’époque de l’Anthropocène, au moment où ce qui avait été jusqu’ici le simple décor de l’histoire humaine devient le principal acteur de cette histoire. On y confronte directement la figure controversée de Gaia, à savoir la Terre comprise, non pas comme un système déjà complet, une machine cybernétique, mais comme ce qui a une histoire, ce qui mobilise toutes les puissances d’agir dans la même geste, dans la même géo-histoire. Gaia n’est pas la Nature, et ce n’est pas non plus une divinité. Elle est entièrement séculière. Pour la regarder en face, il faut se défaire de l’amalgame de la Nature et de la Religion, cet amalgame qui se trouve à l’origine de l’idée même de ‘religion naturelle’. C’est une nouvelle forme de pouvoir politique qui doit être explorée en renouvelant les trois concepts clefs de la théologie politique : celui de peuple, de dieu et de distribution des entités (demos, theos et nomos). C’est seulement lorsque l’on pourra reconnaître, grâce à cette théologie politique, la multiplicité des peuples qui sont en conflit, à l’époque de l’Anthropocène, dans cette nouvelle forme de géopolitique, que l’on pourra parler de paix en l’établissant le long de ces ‘limites planétaires’ (‘planetary boundaries’) enfin reconnues politiquement. Ni la Nature, ni Dieu n’apportent d’unité et de paix. Les ‘gens de Gaia’, ceux qui se disent ‘Terriens’ peuvent peut-être devenir, eux, les artisans de paix.
Elles sont disponibles en anglais sur le site des Conférences Gifford. Les vidéos incluent les discussions. Le texte est accessible en anglais pour discussion avec l'auteur pas pour citation.
