Triste début d'année: la mort d'Ulrich Beck
La disparition d’Ulrich Beck est une terrible nouvelle. C’est une tragédie pour sa famille, pour son équipe de recherche, pour ses nombreux collègues et amis, mais c’est aussi une tragédie pour la pensée européenne.
Ulrich était un intellectuel public, espèce infiniment rare en Allemagne et que l’on croyait n’exister qu’en France. Mais il avait une façon bien à lui et fort peu française d’exercer ce magistère de la pensée : il n’y avait rien en lui de l’intellectuel critique. Toute son énergie, sa générosité, sa gentillesse infinie, il les mettait au service de la découverte de ce que les acteurs étaient en train de changer dans leur façon de produire le monde social. Il ne s’agissait donc pas pour lui de découvrir les lois d’un tel monde, ou de vérifier dans de nouvelles circonstances la stabilité des anciennes conceptions de la sociologie. Non, c’étaient les innovations dans les manières d’être au monde qui l’intéressait avant tout.