Sur le culte moderne des dieux faitiches
Date: April 2009
Publisher: La Découverte
Langue: French
Le livre ainsi composé ne demande rien d’autre au lecteur que la suspension, nulle doute provisoire, de ces deux notions réflexes : la croyance et la critique. C’est le seul moyen que j’ai trouvé pour concentrer l’attention sur l’exacte nature des êtres sortis de nos mains et pour comprendre en quel sens il faut confesser que nous sommes bien les « fils de nos œuvres ». Pour enquêter sur cette double contradiction, je propose ici deux notions quelque peu bricolées : celle de faitiche d’abord, celle d’iconoclash ensuite. On me pardonnera peut-être ces néologismes, si l’on sait qu’ils furent la conséquence de deux « terrains » assez particuliers. Le premier fut un stage que je fis pendant près d’un an dans la consultation d’ethnopsychiatrie de Tobbie Nathan au Centre Devereux en 1995. Je voulais confronter ce que l’on disait des fétiches avec le travail technique d’une sorte de « féticheur » contemporain. J’en tirai un petit livre, épuisé depuis, que je republie aujourd’hui sans autre changement que quelques notes, une bibliographie rafraîchie et une section supplémentaire. Mais j’ai eu ensuite la chance, pendant quatre années, de reprendre la même question lors de la préparation de l’exposition Iconoclash de 2002 dont j’ai été le commissaire avec quelques amis. Alors que la notion de faitiche m’avait permis de douter de la croyance en la croyance, celle d’iconoclash nous a permis de suspendre le geste iconoclaste pour en interroger l’histoire : au lieu de monter une nouvelle exposition iconoclaste, nous avons voulu présenter une exposition sur l’iconoclasme. Comme le somptueux catalogue n’était disponible qu’en anglais (et qu’il est épuisé), j’ai pensé qu’il serait utile d’en ajouter l’introduction.