Entretien dans le Nouvel Observateur "Les riches abandonnent le monde" 16-3-17
La campagne pour l’élection présidentielle française bat son plein et la question climatique en est largement absente chez les trois candidats en tête dans les sondages : Marine Le Pen, François Fillon et, dans une moindre mesure, Emmanuel Macron. Vous qui réfléchissez depuis dix ans au sein de Sciences Po à faire de l’environnement un véritable enjeu politique, comment expliquez-vous ce grand silence ?
L’erreur est de parler de « climat ». Le terme évoque quelque chose de trop lointain, dont on n’a pas à se préoccuper. Il faudrait en donner une définition plus proche, en le reliant aux notions de territoire et de sol. Les écologistes s’occupent de l’environnement comme s’il s’agissait d’un objet extérieur à la politique. Ils ont beaucoup de mal à fabriquer du politique avec ce qu’ils appellent la « nature », alors même que, depuis toujours, le politique est fait d’enjeux de territoire, de sol, de ressource, de blé, de ville, d’eau. En réalité, la politique est par définition écologique.