A propos de l'exposition Animer le paysage sur la piste des vivants
Le 28 juin 2017 au Musée de la chasse et de la nature, en lien avec le numéro de la revue Biilebaude
Si je vous dis : « Il faut sauver la nature », vous direz sans y penser : « Oui, oui, bien sûr » — et vous passerez à autre chose de plus important.
Mais si je vous dis : « Il faut défendre votre territoire ! » alors, là, vous vous mobiliserez aussitôt — vous voilà déjà en route pour le front en disant : « Bien sûr, c’est naturel de se défendre, même les animaux, après tout, protègent leur territoire ».
Ah tiens, c’est intéressant : il vous semble naturel de protéger son territoire, mais pas de défendre la nature ?
Pourquoi cette différence de sensibilité ?
Parce que la nature, le plus souvent, c’est ce que l’on contemple de face, derrière une vitre, comme un spectacle ou comme un paysage.
Le territoire, c’est tout autre chose : c’est ce sur quoi on pose les pieds, ce dont on dépend, ce que l’on tremble de perdre, ce dont chacun sait qu’il faut prendre un soin extrême.
Il y a donc deux paysages : celui que l’on regarde en face, de façon détachée, et celui dans lequel on se trouve inséré et qui vous tient.
D’où la question suivante : est-ce que vous savez vraiment de quoi se compose le paysage dont vous devez prendre soin ? Jusqu’où s’étend-il ? Quelles sont ses limites ? Qui sont ceux qui l’occupent et qui l’animent ?
Et là, première surprise : vous vous trouvez bien embarrassés pour décrire un peu précisément le territoire à défendre.
Que faire ? Vous équiper pour traquer, capter, pister, sillonner ce dont vous ne connaissez pas les exactes limites.
D’où la deuxième surprise : la nature qui se trouvait en face de vous, voilà qu’elle se trouve désormais sous vos pieds — et qu’elle vous tient.