Consortium Où atterrir? brève présentation de la démarche par BL
Après la publication de Où atterrir? des artistes, des chercheurs en sciences sociales ou sciences naturelles, des activistes, ont souhaité rendre la démarche proposée opérationnelle et ont développé des procédures pour écrire les "nouveaux cahiers de doléance"; c'est cette démarche que BL explique en 25 minutes devant la caméra de Jérémie Fontaine.
Le projet ambitieux et délicat, c’est d’accepter de se poser ces questions périlleuses et même parfois toxiques, sans réduire aussitôt la question du territoire à l’identité ou aux frontières.
C’est justement parce que la conduite d’une telle enquête est si délicate, qu’elle ne peut reposer que sur une méthode originale exigeant l’auto-description.
Dire qu’il s’agit d’auto-description permet de bien souligner qu’Il ne s’agit en aucun cas de réaliser une étude menée par des spécialistes des conditions matérielles des citoyens. Naturellement, tout le travail d’enquête effectuée par les sciences naturelles et sociales sur ces territoires doit servir de ressources indispensables, mais seulement après coup, une fois aiguisé l’appétit de s’en nourrir. Le problème politique actuel n’est pas le manque de connaissance, mais le manque de description partagée, après cinquante ans de dépolitisation et d’individualisation qui nous a rendus incapables de définir le sol sur lequel nous résidons et donc de déceler les amis avec qui nous sommes prêts à cohabiter aussi bien que les ennemis qu’il nous faut combattre.
Dans notre expérience, le simple fait de diriger la question vers les attachements redonne une attitude politique et presque une fierté, en tous cas une assise nouvelle à ceux à qui on s’adresse ainsi. Cet effet que l’on peut qualifier parfois de thérapeutique étant donné la désespérance dans laquelle se trouvent souvent les acteurs, se distingue radicalement du recueil d’opinion ou de l’expression des valeurs auxquelles sont supposés tenir les gens interrogés. Autrement dit, sonder les citoyens sur leurs valeurs ou sur leurs opinions ne produit pas forcément grand-chose en termes de compréhension du territoire vécu et ne définit aucunement les lignes de conflits et controverses qui permettraient de retrouver des marges de manœuvre.