Comment penser la suite de l'aventure des Modernes?
Conférence dans le cadre de la chaire Perelman, ULB Bruxelles, 22 mars 2021
Si ce nouveau conflit de planètes désoriente si profondément la politique d’aujourd’hui, c’est parce qu’il obscurcit à la fois l’espace et le temps qui servait de cadre à ce qui ressemblait jusque-là, malgré tout, à une direction de l’histoire plus ou moins partagée par ceux qui voulaient la ralentir comme par ceux qui voulaient l’accélérer.
Commençons par l’espace. Si Mars apparaît pour certain comme le plan B après que le plan A, la Terre de notre naissance, aura été sacrifiée, c’est parce qu’on a pris l’habitude de comparer des planètes entre elles. Or, s’il est bien vrai que Mars est une planète, ce n’est pas le cas, ou, en tous cas, ce n’est plus le cas de Terre. Comme le disait ce soir-là mon ami géochimiste sans pouvoir intriguer les journalistes de la télévision : « Mars n’a pas de zone critique ! ». En effet, la Vie n’y a pas transformé les conditions initiales au point de créer un environnement durablement favorable à la continuation de son expérience multiforme. Pour le dire d’une façon brutale, Mars est juste une planète parmi d’autre alors que Terre a, ou est une zone critique.