« Nous sommes des vaincus »
In Camille Riquier (sous la direction de) Charles Péguy, Paris, Le Cerf, pp. 11-30, 2014.
Chacun ouvre Péguy seul. Hélas non, chacun hésite à l’ouvrir parce qu’il faudrait lutter contre trop de mises en garde. Il a contre lui d’avoir été beaucoup trop lu politiquement, religieusement, poétiquement mais jamais philosophiquement. Rien que pour commencer à le lire, quelle pente il faut remonter. Nous avons tous rencontré de grands esprits qui hésitaient à lire Clio parce qu’ils étaient prévenus contre leur auteur ; alors ne parlons même pas d’aider ceux qui acceptent d’ouvrir le livre ; rien que pour éviter qu’ils le referment, il faut déjà mettre le paquet. C’est comme si Nietzsche était encore la proie de sa sœur abusive et de ses avatars hitlériens. Pour Péguy, le travail méticuleux de déminage, d’élucidation, d’interprétation, d’adsorption, de glose et de commentaire, n’a pas eu lieu.
Date: 2015
Language: English
Translator: Timothy Howles
Journal: New Literary History, 2015, 46: 41–62