Peuples sans terre cherchent terre privée de peuple-Le Monde 6-6-18
Le mois de mai est heureusement fini et avec lui l’illusion de rejouer mai 68 en costumes d’époque. Les producteurs de série télé le savent bien, les studios français sont très maladroits dans les reconstitutions historiques : les mises en pli sont trop parfaites, les cols trop amidonnés, les voix trop contemporaines, les anachronismes si nombreux que l’on ne peut y croire une seule seconde. Ce qui est vrai au cinéma, l’est encore plus en politique quand on espère rejouer l’heureuse époque de Mai au milieu de la tragique situation actuelle. En ce mois de mai 2018, rien n’a fonctionné dans ce remake, ni la « convergence des luttes », ni « l’esprit révolutionnaire ».
C’est que, entretemps, la révolution a changé de sens : ce qui animait les étudiants et les ouvriers il y a cinquante ans en les poussant vers l’avenir, anime aujourd’hui ceux qui prétendent, partout dans le monde, revenir à l’état national et à l’identité ethnique. L’esprit est révolutionnaire, ô combien, mais il s’agit d’une révolution conservatrice d’ampleur inédite qui ne respecte aucune limite.
Traduction anglaise par Stephen Muecke