« Nous assistons à une révolution du droit international. » Entretien croisé entre Corinne Lepage et BL par Jean-Yves Pineau
¨Publié dans la revue Darddard
CORINNE LEPAGE : Vous avez raison de poser la question du mot « transition ». Je pense qu’on pouvait s’offrir le luxe d’une transition il y a trente ans, mais je ne suis pas sûre qu’aujourd’hui ce soit encore le cas. Il faut aller beaucoup plus vite qu’une transition douce. Dans son excellent livre, Perdre la Terre, Nathaniel Rich explique qu’il y a quarante ans nous avions en main tout ce qu’il fallait pour sauver le dérèglement climatique ou l’éviter, et que nous n’avons strictement rien fait, que nous avons même fait le contraire.
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BRUNO LATOUR : Oui, je suis assez d’accord pour critiquer le mot « transition ». J’avais proposé dans le mot « atterrir » quelque chose qui est un virage sur l’aile, plus exactement. C’est-à-dire une sorte de re-direction de l’action publique, d’une part, mais aussi de l’action personnelle. Et c’est là où je m’intéresse aux raisons individuelles, affectives presque, qui rendent cette crise incompréhensible par les gens.