Articles

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(P212)
Comment ne pas unifier trop vite ce qui pourtant « nous » enserre « tous ». L’énigme de Gaia présentée par un anthropologue des Modernes à des philosophes africains
2022

Non publié
Présentation à distance , atelier de la pensée, Dakar, 23 mars 2022

Abstract
Je vais donc accélérer les choses en reprenant, avec de très petits changements, une citation de notre collègue Séverine Kodjo qui m’avait beaucoup frappée quand elle était parue dans le journal Le Monde. En s’efforçant de convaincre ses lecteurs de l’importance de la philosophie africaine, elle écrivait ceci: « Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il ne s’agit pas de rejeter systématiquement tout ce qui vient d’Occident, mais de saisir en quoi les concepts ou les paradigmes produits par les sciences occidentales peuvent être, ou pas, pertinents pour appréhender les réalités africaines. Et, dans le même mouvement, revaloriser des savoirs et des savoir-faire issus des cultures africaines qui avaient été dépréciés, voire interdits, par le colonisateur. » Ce qui m’avait saisi dans cette phrase, c’est à quel point elle présentait exactement ce que je faisais moi depuis cinquante ans, à ceci près que ma cible c’était la philosophie ou mieux l’anthropologie philosophique de ces mêmes sociétés dites « occidentales ».
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Anthropologie des modernes 🔗
(P205)
Etes-vous prêts à vous déséconomiser?
2020

AOC 1 juin 2020

Abstract
Voilà, il ne fallait pas nous donner le temps de réfléchir si longtemps ! Emportés par le développement, éblouis par les promesses de l’abondance, on s’était probablement résignés à ne plus voir les choses autrement que par le prisme de l’économie. Et puis, pendant deux mois, on nous a extrait de cette évidence, comme un poisson sorti de l’eau qui prendrait conscience que son milieu de vie n’est pas le seul. Paradoxalement, c’est le confinement qui nous a « ouvert des portes » en nous libérant de nos routines habituelles. Du coup, c’est le déconfinement qui devient beaucoup plus douloureux ; comme un prisonnier qui aurait bénéficié d’une permission trouverait encore plus insupportable de retrouver la cellule à laquelle il avait fini par s’habituer. On attendait un grand vent de libération, mais il nous enferme à nouveau dans l’inévitable « marche de l’économie », alors que pendant deux mois les explorations du « monde d’après » n’avaient jamais été plus intenses. Tout va donc redevenir comme avant ? C’est probable, mais ce n’est pas inévitable.
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Unpublished Englsih translation by Timothy Howles

Politique, Théorie de l'acteur réseau 🔗
(P204)
Quel État peut imposer des « gestes barrières » aux catastrophes écologiques ?
2020

Publié par Esprit-numérique avec un autre titre

Abstract
La crise sanitaire actuelle est d’une telle dimension qu’elle commence à donner une petite idée des crises à venir imposées par la mutation climatique. Il y a de nombreuses manières d’aborder les liens entre ces deux évènements majeurs, mais c’est aux rapports entre ce qu’exige les gouvernements et ce que les sociétés considèrent comme acceptables que je voudrais m’intéresser ici. Il me semble qu’il faut aviver le contraste entre l’autorité dont dispose l’État pour imposer des mesures concernant la santé, au sens traditionnel du terme, et celle dont il disposerait s’il en venait à nous imposer des mesures drastiques pour notre santé, au sens élargi qu’impose l’écologie. La Covid-19 ne teste pas l’administration de la même façon que la mutation climatique – plus ancienne, plus massive, plus radicale. Si l’on a accepté pour un temps de multiplier les « gestes barrières » à la contagion d’un virus, je ne suis pas sûr que l’on soit prêt à accepter du même État l’imposition de gestes barrières pour favoriser la santé de la planète !
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Ecologie, Politique 🔗
(P203)
S’agit-il d’une répétition générale ?
2020

S’agit-il d’une répétition générale ? Le Monde 26 mars 2020

Abstract
La coïncidence imprévue entre un confinement général et la période du Carême peut être utilisée par ceux à qui on a demandé, par solidarité, de ne rien faire et qui se trouvent à l’arrière du front. Ce jeûne obligé, ce Ramadan laïque et républicain peut être une occasion pour eux de réfléchir sur ce qui est important et ce qui est dérisoire … Comme si l’intervention du virus pouvait servir de répétition générale pour la crise suivante, celle où la réorientation des conditions de vie va se poser à tout le monde et pour tous les détails de l’existence quotidienne qu’il va falloir apprendre à trier avec soin. Je fais l’hypothèse, comme beaucoup, que la crise sanitaire prépare, induit, incite à se préparer à la mutation climatique. Encore faut-il tester cette hypothèse.
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Traduction anglaise
Critical Inquiry blog

Traduction allemande
Margit Rosen
unpublished

Ecologie, Politique 🔗
(P202)
Imaginer les gestes-barrières contre le retour à la production d’avant-crise
2020

Imaginer les gestes-barrières contre le retour à la production d’avant-crise, soumis a AOC-média

Abstract
Il y a peut-être quelque chose d’inconvenant à se projeter dans l’après crise alors que le personnel de santé est, comme on dit, « sur le front », que des millions de gens perdent leur emploi et que beaucoup de familles endeuillées ne peuvent même pas enterrer leurs morts. Et pourtant, c’est bien maintenant qu’il faut se battre pour que la reprise économique, une fois la crise passée, ne ramène pas le même ancien régime climatique contre lequel nous essayions jusqu’ici, assez vainement, de lutter. En effet, la crise sanitaire est enchâssée dans ce qui n’est pas une crise — toujours passagère — mais une mutation écologique durable et irréversible. Si nous avons de bonne chance de « sortir » de la première, nous n’en avons aucune de « sortir » de la seconde. Les deux situations ne sont pas à la même échelle, mais il est très éclairant de les articuler l’une sur l’autre. En tous cas, ce serait dommage de ne pas se servir de la crise sanitaire pour découvrir d’autres moyens d’entrer dans la mutation écologique autrement qu’à l’aveugle.
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Langue: Portugais
Traducteur: Deborah Danowski
Unpublished

Langue: English
Translator: Stephen Muecke
Unpublished

Ecologie, Politique 🔗
(P201)
Nous ne vivons pas sur la même planète – Un conte de Noël
2019

Dans AOC media 20-12-2019

Abstract
‘Nous ne vivons pas sur la même planète’. C’était une expression banale. Maintenant c’est littéral. Oh non il ne s’agit pas de comparer Mars, Vénus, Jupiter avec toutes les planètes visitées par Cyrano de Bergerac ou rencontrées par les explorateurs de Star Trek. Il s’agit de la nôtre. Enfin de celle que l’on croyait nôtre et qu’on pouvait désigner comme l’unique terre. L’histoire est assez curieuse. Dans les années 60, cette fameuse ‘planète bleue’ que l’on avait enfin photographiée depuis l’espace, elle était supposée nous mettre tous d’accord. Sa beauté, sa fragilité, sa couleur, ses nuages, tout cela devait nous unir. Il s’est produit tout le contraire. Jamais nous n’avons été moins unis, nous les humains, sur le nom, la nature, la forme, la consistance de la planète que nous prétendons habiter. « Guerre des mondes», en effet, comme du temps de Wells, mais pour de bon cette fois. Et le danger ne vient pas de Mars.
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Although not a translation an English version is accessible here

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(P199)
De la nécessité d’atterrir-contribution d'un consortium
2019

« De la nécessité d’atterrir » revue Revue Projet n° 373, décembre 2019/janvier 2020 pp. 19-21

Abstract
Nous entrons bien dans un nouveau régime climatique au sens scientifique et politique du terme. Les partis dits de gouvernement se sont effondrés, laissant face à face deux ensembles l’un plus libéral et européen, l’autre clairement nationaliste et eurosceptique qui posent, chacun à sa façon, la question de l’espace dans lequel doit se dérouler désormais la politique et le type de peuple auquel il faut désormais se référer. Mais, aux mêmes élections, la montée des partis « verts » permet de préciser une troisième direction que l’on ne peut plus situer entre la gauche et la droite et qui pourtant définit clairement une différence claire entre progressistes et réactionnaires : cette direction que l’on peut appeler l’attraction pour le Terrestre partage avec les deux précédentes l’angoissante question de savoir quels peuples habitent quels sols, mais elle la pose d’une façon entièrement différente.
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Ecologie, Politique 🔗
(P191)
Que veut dire « Heimat » aujourd’hui ?
2018

feuiileton du Die Zeit par Elizabeth Von Thadden

Abstract
Les Français ne possèdent pas d’équivalent du mot « Heimat », lequel fait toujours d’ailleurs l’objet de discussions continuelles en Allemagne. Pour moi, inévitablement, le terme renvoie à la série télévisée d’Edgar Reitz qui m’avait bouleversé. Alors qu’en bon petit français de l’après-guerre, j’avais de l’Allemagne une version abstraite et plutôt polémique, cette série de films m’a rendu l’Allemagne proche et vivante. Il y a donc pour moi dans « Heimat » une médecine si puissante qu’elle peut donner à un complet étranger, grâce à l’artifice d’une œuvre d’art, le sentiment d’appartenir, de faire corps, de reconnaître comme son voisin et son proche, un pays entier jusque-là éloigné. J’ai toujours entretenu ce fantasme d’être dans un train, quelque part en Allemagne, et de pouvoir parler avec Maria de notre vie à Schabbach ou d’échanger mes souvenirs d’enfance avec Paul ou Eduard sur le Hünsruck. « Heimat » n’a pour moi rien qui oblige à l’identité ou qui exigerait des liens du sang : c’est plutôt un opérateur qui permet de saisir à nouveau, existentiellement, pour soi ou pour les autres, ce que veut dire appartenir à un lieu concret.
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Traduction allemande “Heimat. Was bedeutet’’ Die Zeit 14 mars 2019, p. 12-13.

Traduction Danoise, Danish translation

Ecologie, Politique 🔗
(P188)
Où la ZAD donne à l’État une bonne leçon
2018

in Eloge des mauvaises herbes, ce que nous devons à la ZAD, Les liens qui libèrent, 2018 ; « Eloge de la ZAD » bonnes feuilles dans le Nouvel Observateur 7-6-18 pp. 75-77.

Abstract
A considérer le tas de cartouches de bombes lacrymogènes et de grenades lâchées ces derniers temps sur la ZAD de Notre Dame des Landes, on ne peut douter qu’il s’agisse d’une violence d’État. Tout pousse à s’indigner contre l’incompréhension des autorités devant l’originalité de la situation et à demander la suspension de ces procédures d’évacuation et de démantèlement. C’est pourtant une autre ligne que je voudrais suivre ici : si l’État est aveugle, c’est aussi à la ZAD et surtout à ceux qui soutiennent les zadistes, d’enseigner à l’État comment il doit désormais se comporter quand la question des terrains de vie ou des territoires en lutte se trouve abordée. On objectera que ce n’est pas la responsabilité de ceux qui subissent la violence d’avoir une telle vision de leur rôle ; c’est aux autorités de savoir comment se comporter et quelle est la limite de leurs actions
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Ecologie, Politique 🔗
(P187)
Bruno Latour sur la piste de Gaia
2018

« Bruno Latour sur la piste de Gaia », Nouvel Observateur, 3-5-2018, pp. 71-75

Abstract
Stephan Harding m’avait dit « Au moindre rhume, on sera obligé d’annuler ; il a eu une bronchite il n’y a pas longtemps ; on ne doit prendre aucun risque ». Comme malgré le froid polaire qui tombait sur l’Angleterre en février, je n’avais pas la moindre toux, nous avons décidé d’y aller. Par précaution, toutefois, nous nous sommes lavés soigneusement les mains plusieurs fois avec un savon antiseptique. Et nous voilà partis pour la côte du Dorset au sud de l’Angleterre près de la Cornouaille. James Lovelock est un très vieux monsieur de 98 ans. C’est un penseur aussi important que peu académique, qui fut le premier à avoir théorisé ce que l’on appelle, dans les milieux écologiques et des sciences de la terre, « l’hypothèse Gaïa », que l’on peut résumer provisoirement ainsi à ce stade de mon enquête : la Terre est un ensemble d’êtres vivants et de matière qui se sont fabriqués ensemble, qui ne peuvent vivre séparément et dont l’homme ne saurait s’extraire. Je n’avais jamais prévu de le rencontrer. J’avais lu tous ses livres, mais ses interventions récentes dans la presse, ses opinions politiques assez loufoques, son amour exagéré pour l’industrie nucléaire, tout cela ne m’attirait pas particulièrement, d’autant que je n’ai jamais eu l’obsession de visiter les sites où les auteurs que j’aime ont écrit leurs livres. Mais Harding m’avait assuré que Lovelock souhaitait me rencontrer. Il se demandait pourquoi un philosophe français pouvait s’intéresser à la théorie Gaia au point de lui consacrer un livre . Et comme j’ai la conviction que la proposition théorique de Lovelock occupe la même importante dans l’histoire de la connaissance humaine que celle de Galilée, il s’amusait apparemment que j’aille jusqu’à le comparer à cet autre homme à scandale, ingénieur admiré et inventeur disputé, parce qu’il avait compris avant les autres que la Terre tourne autour du Soleil et non l’inverse.
Traductions

Langue: Anglais
Traducteur: Stephen Muecke
Reference: Los Angeles Review of Books, 2018, july

Ecologie 🔗